European Textile Forum 2023

Entre les dernières teintures fin octobre et le marché de Compiègne il y a un trois semaines, j’ai comme tous les ans participé au European Textile Forum en Allemagne. Je sors tout juste la tête de l’eau car, comme tous les ans, ces dernières semaines ont été plus qu’intenses!

Between the last dyes at the end of October and the Compiègne market 3 weeks ago, I took part in the European Textile Forum in Germany, as I do every year. I’m just getting my head out of the water because, like every year, the last few weeks have been more than intense!

Cette année, le Forum mettait les teintures à l’honneur et nous avons énormément travaillé jusque tard le soir. J’avais déjà expérimenté ces journées à rallonge au laboratoire l’année dernière, lorsque j’ai commencé mon projet de recherche sur la pourpre d’imitation, un premier compte-rendu du travail de 2022 est disponible en anglais sur le site du forum. Et voici la version française en PDF:

This year, the Forum focused on dyes and we worked long into the evenings. I’d already experienced these long days in the lab last year, when I started my research project about fake purple. A first report on the 2022 work is available in English on the Forum website.

Voici, en attendant d’autres aventures, un condensé de ce qui s’est passé au forum, avec quelques photos! J’avais quelques expériences personnelles à réaliser, mais j’ai surtout apporté mon aide ainsi que mon expérience artisane pour diverses expérimentations collaboratives, la plupart axées sur la garance, qui est une plante tinctoriale pour le moins complexe!

In the meantime, here’s a summary of what happened at the forum, with a few photos! I had a few personal experiments to perform, but mostly I’ve been helping out and sharing my experience as a dyer for various collaborative experiments, most of them focusing on madder, which is a complex dye plant to say the least!

Nos expérimentations ont porté sur plusieurs facteurs qui sont connus pour avoir une grande influence sur le résultat d’une teinture à la garance, notamment la qualité de l’eau utilisée mais aussi la qualité de la garance elle-même. Il y a eu également des teintures avec des « bestioles » pour une publication par une chercheuse de l’université de Copenhague dont j’aurais sans doute l’occasion de reparler un jour, lors de la publication de ses travaux.
Comme d’habitude, les questions qui restent ouvertes et les idées de nouvelles expériences à faire sont très nombreuses…
Vous pouvez retrouver des articles en anglais sur certains de ces sujets sur le blog de Katrin Kania, organisatrice du forum et qui a œuvré pour mettre en place les protocoles d’expérience.

Our experiments focused on several factors that are known to have a major influence on the result of madder dyeing, in particular the quality of the water used, but also the quality of the madder itself. There were also dyes with ‘bugs’ for a publication by a researcher at the University of Copenhagen, which I’ll no doubt be talking about again one day, when the work will be published.
As usual, there are plenty of open questions and ideas for new experiments…
You will find some other articles in English about some of them on Katrin Kania’s blog, who is the organizer of the Forum and worked hard to make the experiment protocols.

Pré-traitements de la racine de garance – Madder root pre-treatments

Pour ma part, j’avais préparé des échantillons de racines de garance avec différents pré-traitements. Dans des textes antiques et médiévaux, il est fréquemment mentionné d’utiliser de la garance « grillée » et l’on a des traces de certaines de ces pratiques. L’une des recettes du Papyrus Holmiensis (3ème siècle après JC, Egypte) qui m’intéresse particulièrement est celle de la « pourpre de garance » qui est en fait une double teinture : garance sur une laine préalablement teinte au pastel et mordancée. Cette recette spécifie l’utilisation de garance « grillée ». La question était donc de savoir comment une torréfaction influence la couleur finale. Dans mes expériences préliminaires, j’avais déjà constaté qu’il me fallait « pousser » la garance vers le rouge-rosé pour obtenir ce que nous pourrions appeler un violet/pourpre sur une base de bleu pastel. L’année dernière, j’avais obtenu les meilleurs résultats en rinçant les racines à l’eau bouillante avant de teindre avec…

Avant le forum chez moi, j’ai donc procédé à des torréfactions et des bains de vapeur sur des racines sèches et fraîches. Je peux vous dire que quand on fait brûler de la garance, l’odeur est tenace! J’avais également 2-3 tests à refaire, en parallèle de ma course aux dernières teintures pour mon stock.

For my part, I prepared samples of madder roots with various pre-treatments. Antique and medieval texts frequently mention the use of ‘roasted’ madder, and there are traces of some of these practices. One of the recipes in the Holmiensis papyrus (3rd century AD, Egypt) that is of particular interest to me is that for ‘madder purple’, which is in fact a double dyeing process: madder on wool that has been previously dyed with woad and mordanted. This recipe specifies the use of ‘roasted’ madder. The question was how roasting it would affect the final colour. In my preliminary experiments, I’d already noticed that I needed to ‘push’ the madder towards pinkish-red to obtain what we might call a violet/purple on a woad blue base. Last year, I got the best results by rinsing the roots in boiling water before dyeing with them…

Before the forum at home, I did some grilling and some steaming of dry and fresh madder roots. I can say that when you over-roast madder or burn it, the smell is quite lasting! I also had 2-3 tests to re-run, all while working/dyeing hard to make stock.

Je suis allée déterrer de la racine de la cousine sauvage de notre garance des teinturiers: la garance voyageuse (Rubia peregrina). Elle pousse en abondance en lisière de forêt sur les coteaux calcaires chez moi et dans ma région, elle n’est pas une espèce protégée (vérifiez toujours avant de récolter des plantes, certains statuts de protection varient non seulement d’un pays à un autre mais aussi d’une région à une autre!). Je n’avais jamais eu l’occasion d’utiliser cette petite racine et je me suis dit qu’elle serait utile comme comparaison avec la garance cultivée ainsi que pour nos expériences sur les différentes qualités de garance.

I went and dug up some root of the wild cousin of our dyer’s madder: the wild madder (Rubia peregrina). It grows abundantly at the edge of the forest on the limestone slopes where I live and in my region, and is not a protected species (always check before harvesting plants, as certain protection statuses vary not only from one country to another but also from one region to another!). I had never had the chance to use this little root and I thought this would useful to get a comparison and for our madder quality tests

La récolte en est assez laborieuse, surtout quand on fait tout pour préserver les pousses vertes et seulement prélever les racines plus âgées. Pour 65g de racines fraîches et lavées, j’ai finalement eu moins de 20g de racines sèches.

Harvesting it is quite tedious, especially when every effort is made to preserve the green shoots and only remove the older roots. For 65g of fresh, washed roots, I ended up with less than 20g of dried roots.

Voici le résultat des teintures avec un mordançage équivalent et des facteurs identiques (eau, température de teinture, temps etc.).
De gauche à droite: les racines sèches (origine Anatolie, mode de séchage inconnu), torréfiées à 120°C, torréfiées à 200°C et passées à la vapeur. On note de réelles différences de teintes (très difficiles à rendre en image, le rouge est une horreur à photographier correctement!). Le rouge obtenu après torréfaction est plus vif, tandis que le passage à la vapeur donne une teinte plus rose.

Here are the results with same mordanting and identical factors (water, dyeing temperature, time, etc.).
From left to right: dried roots (from Anatolia, drying method unknown), roasted at 120°C, roasted at 200°C and steamed. There are real differences in colour (very difficult to photograph – red is a horror to shoot properly!) The red obtained after roasting is brighter, while steaming gives a pinker hue.

J’ai été bluffée par la racine torréfiée à 200°C et que j’ai laissé un peu trop longtemps au four, elle sentait presque le café (à propos, le caféier est de la même famille botanique des Rubiaceae), était devenue très friable et je ne m’attendais pas à ce qu’elle garde encore de la couleur! C’est d’ailleurs une couleur prometteuse pour l’imitation de pourpre. Il me faudra encore trouver la méthode de torréfaction idéale pour la recette du papyrus…

I was blown away by the root, which was roasted at 200°C and left in the oven a little too long – it almost smelt of coffee (by the way, the coffee tree is in the same botanical family as madder, the Rubiaceae), had become very crumbly and I didn’t expect it to retain any colour! In fact, it’s a promising colour for imitating purple. I still need to find the ideal roasting method for the papyrus recipe…

Et voici notre petite Rubia peregrina à côté des échantillons teintés à la garance fraîche séchée à gauche et fraîche passée à la vapeur après récolte puis séchée à droite. Le passage à la vapeur a peu ou prou le même effet que le rinçage à l’eau bouillante, on constate un virage de la couleur vers le rosé. Notez que Rubia peregrina n’a pas cette teinte vive et orangée de Rubia tinctorum, car elle contient très peu d’alizarine.

And here’s our little Rubia peregrina next to the samples dyed with dried fresh madder on the left and steamed fresh after harvesting and then dried on the right. Steaming has more or less the same effect as rinsing in boiling water, with a pinkish tinge to the colour. Note that Rubia peregrina does not have the bright orange hue of Rubia tinctorum, as it contains very little alizarin.

Il me faut maintenant refaire quelques experiences de torréfaction sur racines sèches et fraîches en affinant le process pour mieux le connaître et savoir le contrôler et en réduisant le pourcentage de garance dans le bain pour arriver aux proportions de la recette antique. Il faudra ensuite tester tout ça en conditions d’archéologie expérimentale, mais ce sera une autre histoire… Il semble clair que ce genre de pré-traitement influence la couleur en modifiant la chimie des molécules tinctoriales contenues dans la racine.

I now need to carry out a few more roasting experiments on dry and fresh roots, refining the process so that I know it better and can control it, and reducing the percentage of madder in the bath to the proportions used in the ancient recipe. All this will then have to be tested under experimental archaeological conditions, but that’s another story… It seems quite clear that these kind of pre-treatments influence the color outcome by modifying the chemistry of the dye molecules present in the roots.

Test de mordançage au Lycopodium – Lycopodium mordanting test

Tandis que ma collègue Katrin Kania avait prévu de son côté de tester la prêle (Equisetum arvense) comme mordant végétal, j’avais pour ma part choisi le Lycopodium, dont j’avais un sachet depuis des années et avec laquelle je n’avais jamais pris le temps de jouer… On sait que les Lycopodes ont été utilisés comme alternative à l’alun, notamment dans des régions du monde où celui-ci était une matière importée et peu accessible. On trouve notamment des traces de son utilisation à York, à l’époque viking. Pourquoi? parce que les lycopodes sont des plantes bio-accumulatrices d’aluminium et que ce sont les ions aluminium qui jouent un rôle dans le mordançage.
Se posait la question de l’extraction: comment? pendant combien de temps? quel poids de plantes? A toutes ces questions, je n’avais pas vraiment trouvé de réponses claires, juste des indications dans des articles pour lesquels des personnes avaient fait quelques expériences. Je suis donc partie sur 200% de plantes sèches (40g de Lycopode pour 20g d’échantillons de laine). A plusieurs reprises, j’ai lu que l’extraction était « longue » et comme il fallait que je prenne une décision quelques jours avant le forum, j’ai donc décidé de tester des pH d’extraction différents pour 3 jours de macération/chauffages réguliers dans un bain-marie, un peu comme si je laissais un pot avec les lycopodes dedans près d’un foyer dans une maison… J’ai extrait avec de l’eau de pluie, de l’eau vinaigrée et de l’urine alcaline.

While my colleague Katrin Kania had planned to test horsetail (Equisetum arvense) as a plant mordant, I had chosen Lycopodium (clubmoss), which I’d had in a bag for years but had never taken the time to play with… Lycopodium is known to have been used as an alternative to alum, particularly in parts of the world where alum was imported and not readily available. Traces of its use can be found in York during the Viking era. Why? Because lycopods are plants that bio-accumulate aluminium and it is the aluminium ions that play a role in mordanting.
Then there was the question of extraction: how? for how long? what weight of plants? I hadn’t really found clear answers to all these questions, just indications in articles where people had done some experiments. So I decided to use 200% dry plants (40g of Lycopodium for 20g of wool samples). On several occasions, I’d read that extraction was « long » and as I had to make a decision a few days before the forum, I decided to test different extraction pH values for 3 days of regular maceration/heating in a water bath, a bit like leaving a pot with clubmoss in it near a fireplace in a house… I extracted with rainwater, vinegar water and alkaline urine.

Pour cette expérience qui en appellera sans doute d’autres, j’ai utilisé Lycopodium clavatum (à York, c’était sans doute Lycopodium complanatum), qui est une plante qu’on trouve en herboristerie. Les lycopodes sont souvent protégés dans leur milieu naturel.

For this experiment, which will undoubtedly lead to others, I used Lycopodium clavatum (in York, it was probably Lycopodium complanatum), which is a plant you can find as a herbal remedy. Lycopods are often protected in their natural habitat.

Lycopodium clavatum clavatum1

Au forum, j’ai utilisé les échantillons préalablement mordancés chez moi pour une teinture à la garance et à la gaude.
At the forum, I used the samples that I had mordanted at home for madder and weld dyeing.

J’avoue que je n’avais pas d’attente particulière et que je ne m’attendais pas à un résultat très probant, mais voilà ce que ça donne. La référence est mordancée à l’alun (20%) et le résultat le plus proche a été obtenu avec l’extraction acide. Il me reste les tests de lavage et de résistance à la lumière à faire ainsi qu’une série d’expériences pour affiner la méthode (température et temps d’extraction notamment). C’est vraiment pour avoir une meilleure idée de ce qui pouvait être fait et pas pour trouver un mordançage alternatif, le lycopode n’étant pas une ressource très durable de nos jours.

I have to admit that I didn’t have any particular expectations and wasn’t expecting a very convincing result, but here’s what I got. The reference is mordanted with alum (20%) and the closest result was obtained with acid extraction. I still have the wash- and lightfastness tests to do, as well as a series of experiments to refine the method (temperature and extraction time in particular). It’s really to get a better idea of what could be done and not to find an alternative mordant method, lycopod not being a very sustainable resource these days.

Teinture garance taille réelle – Real life madder dyeing

J’avais également emmené un chaudron pour montrer une teinture à la garance en grandeur réelle, notamment le contrôle de la température sur un feu et les signes que peut utiliser un teinturier de façon simple et empirique pour savoir où en est la teinture. C’est bien joli de faire des expériences dans des béchers avec une sonde de température et un minuteur, voire un thermostat, mais c’est bien loin des réalités du métier. Ces savoirs et expériences pratiques apportent cependant un regard plus riche sur la connaissance des teintures historiques qu’il me semble très important de partager avec ceux qui ont une approche plus académique.

I also brought a cauldron to demonstrate full-scale madder dyeing, including temperature control on a fire and showing all the signs that a dyer can use in a simple, empirical way to tell how the dye has progressed. It’s all very well doing experiments in beakers with a temperature probe and a timer, or even a thermostat, but that’s a long way from the realities of the trade. This knowledge and practical experience does, however, provide a richer insight into the knowledge of historical dyes that I feel is very important to share with those having a more academic approach.

Le vent était glacé ce jour là mais la montée en température a pu se faire correctement tout de même!
The wind was icy on that day, but I was able to get the temperature where I wanted anyway!

D’ailleurs, je ne peux jamais m’empêcher de flairer les bains de teinture, même au labo, l’expérience sur les différentes racines de garance a été un bel apprentissage olfactif!

In fact, i can’t help myself to sniff even in the lab, the different madder root quality experiment was a great olfactory learning moment!

Comme je faisais une petite intervention pour expliquer la chimie des mordants, notamment l’alun, j’avais préparé de quoi réaliser des laques avec les restes des bains de teintures, je vous raconterai ça dans un article dédié! Faire des laques, c’est super amusant…

As I did a little presentation about how the chemistry of mordants, especially alum, work, I had prepared things to make dye lakes from the used dyebaths, I will tell you about that in another article! Making lakes is much fun…

Je commence maintenant la partie plus calme de mon année, mais comme d’habitude il me reste pas mal de choses à faire pour valoriser ces expériences et préparer correctement les suivantes, parce que beaucoup de questions restent posées et demandent des tests complémentaires. Mais c’est absolument passionnant! J’ai été scientifique dans une « vie antérieure » et cet aspect de mon travail est très important à mes yeux. Plus j’en apprends sur les teintures historiques, plus je me rends compte combien il reste à apprendre…

I’m now starting the quieter part of my year, but as usual I still have a lot to do to make the most of these experiments and prepare properly for the next ones, because a lot of questions are still open and require further tests. But it’s absolutely fascinating! I was a scientist in a « previous life » and this aspect of my work is very important to me. The more I know about historical dyes, the more I realize how much there’s still to learn…

Comme d’habitude, si certains d’entre vous, chers lecteurs, ont des questions plus précises ou des expériences personnelles à partager, c’est toujours un plaisir d’échanger! Nous ne sommes que de modestes apprentis modernes utilisant des méthodes et des matières millénaires qui ont encore tellement à nous apprendre!

As usual, if any of you, dear readers, have more specific questions or personal experiences to share, it’s always a pleasure to chat! We’re just modest modern apprentices using thousands of years old methods and materials that still have so much to teach us!

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6 commentaires pour European Textile Forum 2023

  1. Anonyme dit :

    Vraiment fabuleux de recherche, de patience et d’appren-tissage en lien avec ce que donne la Nature pour de magnifiques résultats sur vos fils plus tard.

  2. Comme toujours, ton compte-rendu du passage au Forum est passionnant à lire ! J’adore quand des formes de savoir empiriques, très « les mains dans la pâte », se retrouvent sur le banc d’expérimentation. Ca me donne toujours un élan de motivation que de de lire à propos d’expériences de ce genre ou d’en mener moi-même (que ce soient tes teintures ou recherches de tissages, les costumes anciens de mon partenaire, ou ma musique traditionnelle… c’est le même genre de sentiment).

    Petite question rapide : j’ai ici une eau très calcaire. Ca a tendance à faire virer les couleurs vers quoi ? Surtout la garance justement, qui me fait de l’oeil depuis pfouuuh plus de 10 ans, mais que je n’ai jamais pris le temps de tester. J’adore le côté orangé de la garance et souhaiterais éviter la virée vers le rose (l’inverse de tes recherches pour la « fausse pourpre »). Si tu as des conseils…

    • Merci!
      La garance va apprécier l’eau calcaire, il faut faire un premier essai avec différentes concentrations de matière tinctoriale et voir ce que ça donne, il n’y a pas une recette pour donner un rouge orangé car comme je l’explique dans le PDF, beaucoup de facteurs vont entrer en jeu, l’un des principaux étant au final la qualité de la racine! 😉

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  4. Anonyme dit :

    Great recap on the madder variations! Thank you for the words, I am digging my madder root this season and will try some of these paths. Deb Mc

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